Les contes d’Hoffman – Offenbach

Note d’intention

Comme c’est étrange !

Á la fin du XIXéme, un vent d’étrangeté soufflait déjà sur le monde. Le monde qui s’était agrandit d’un coup. Ce monde désormais exotique et mécanique, qui avait dissous les fées indigènes. La science, le progrès, l’innovation venaient de rendre obsolètes les remèdes anciens, changeaient les us et les coutumes ; vite, efficacement, productivement.

L’éclairage au gaz, puis à l’électricité repoussait l’ombre, ses démons et ses merveilles dans les coins, derrière les miroirs, sous les tapis et les tableaux.

Pourtant ces démons et ces merveilles étaient bel et bien là, avec de nouveaux habits. Les romantiques expérimentaient déjà toutes les substances et les sentiments qui pourraient les démasquer.

Bien sûr de nos jours ce n’est plus le cas, la science est sûre, le monde accessible, les mystères résolus.

Offenbach, en éclatant de rire nous rappelle au désordre.

La vérité sortait d’un puits ? Et bien la muse du poète sortira d’un tonneau de vin. C’est l’ivresse, bien sur, qui nous servira de pudeur. On se réveillera en croyant avoir rêvé.

La muse prend l’aspect du meilleur ami du poète pour le suivre comme une ombre raisonnable, Hoffmann raconte, invente, revit pour nous une seule et même histoire, celle de ses amours contrariées, de ses illusions sublimes. Á la fin il s’effondre là même où son récit prend forme, enfin libre.

Que la muse soit une femme jalouse de son poète ou son meilleur ami, permet qu’on ne fasse aucune distinction entre le récit et la réalité, les filles et les garçons, les autres…

Un savant, physicien, mécanicien est arrivé à reproduire l’aspect et le comportement humain par une automate. Ici elle danse, elle chante en d’autre temps elle pourrait converser avec nous. C’est une sombre histoire de dette, de budget, qui détruit l’illusion.

Et si, nous aussi, étions amoureux des machines qui nous parlent ?

Une maladie, qui enlève ce qui est le plus cher, qu’on ne parvient à soigner que par l’interdit. Un patriarche qui a déjà perdu sa femme ne veut pas perdre sa fille, un charlatan qui apporte le remède en même temps que le mal et un amoureux qui n’y peut rien.

Et si, nous aussi, étions impuissants à décider si la vie est un patrimoine ou une jouissance ?

Une courtisane, là-bas, qui doit à son mentor les images de ceux qu’elle parviendrait à séduire et qui l’aimeraient. Et si nous aussi, attachés aux images, échangions ce que nous sommes contre ce qu’on peut posséder pour un temps ?

Les diables sont nos rivaux, amoureux comme Hoffmann et nous des mêmes illusions. Un jeu de dupes dont la poésie pourrait être la solution. Et un amour réel mais variable, sincère mais achetable, insaisissable mais négociable ; qui trouve le poète déchu.

Voilà la liste de ce que nous voulons montrer et faire briller dans notre lanterne de théâtre ; pour faire songer.

Comme c’est étrange ! Le diable qui n’existe pas est là ; debout derrière vous.

Il s’apprête à vous faire les poches.

Il vous frôle, le sentez vous ?

Il vous invite à danser.

Lui vendrez-vous vos rêves ?

Lionel Lesire, metteur en scène

Nos solistes

Depuis ses débuts, In Paradisum a toujours voulu faire confiance aux jeunes artistes de demain. Dans le choeur comme dans l’orchestre, nous souhaitons donner leur chances aux nouveaux professionnels. Ainsi, depuis 2020, nous confions les rôles de solistes des opéra à des jeunes chanteurs en début de carrière afin de leur proposer une expérience enrichissante et formatrice du métier. Encadrés par Marie Gautrot et Frédéric Rouillon, artistes reconnus du monde de l’opéra, lors d’un stage de préparation en amont de la production, puis par une équipe artistique professionnelle lors de la production, nos solistes déploient leurs ailes sur scène pour votre plus grand plaisir.